3/12/2014 LES SIGNES EXTéRIEURS POUR LA PLANèTE ! CATASTROPHES ! BANQUE MONDIALE: RéCHAUFFEMENT EST UN ACCéLéRATEUR DE PAUVRETé
3 DECEMBRE 2014
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Banque Mondiale : le réchauffement climatique est un accélérateur de pauvreté
Selon un rapport publié un an avant la conférence de Paris sur le climat par Banque mondiale, le réchauffement climatique risque d'aggraver "considérablement" la pauvreté sur le globe en asséchant les récoltes agricoles et en menaçant la sécurité alimentaire de millions de personnes. "Sans une action forte et rapide, le réchauffement et ses conséquences pourraient considérablement aggraver la pauvreté dans de nombreuses régions du globe", prévient l'institution-phare du développement dans un rapport .
À mesure que la planète se réchauffe, les vagues de chaleur et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes qui se produisaient une fois tous les siècles, voire jamais, deviendraient la « nouvelle norme climatique », créant un monde où les risques et l’instabilité augmentent. Selon un nouveau rapport scientifique publié aujourd’hui par le Groupe de la Banque mondiale, cette situation aurait de graves conséquences sur le développement, comme la diminution des rendements agricoles, la modification des ressources en eau, l’élévation du niveau de la mer et la mise en péril des moyens d’existence de millions de personnes.
Le rapport fait valoir que des effets du changement climatique comme les vagues de chaleur extrême sont peut-être devenus inéluctables. En effet, un réchauffement de près de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle est déjà à l’œuvre dans le système atmosphérique terrestre et devrait se produire d’ici au milieu du siècle ; et même en menant aujourd’hui une action d’atténuation très ambitieuse, on ne pourra rien y changer.
« Le rapport qui paraît aujourd’hui confirme ce que les chercheurs n’ont cessé de répéter – les émissions passées ont tracé une trajectoire inéluctable de réchauffement pour les deux prochaines décennies, qui va surtout affecter les populations les plus pauvres et les plus vulnérables du monde », déclare Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale, qui ajoute : « Les températures atteignent plus fréquemment des niveaux record, les précipitations ont augmenté d’intensité à certains endroits, alors que des zones sujettes à la sécheresse comme la Méditerranée deviennent plus arides ».
Ces changements vont rendre plus difficile la réduction de la pauvreté et mettre en péril les moyens d’existence de millions de personnes. Ils auront également de graves conséquences sur les budgets alloués à l’action de développement et sur des institutions comme le Groupe de la Banque mondiale, car, désormais, nos investissements, les concours et les conseils prodigués par la BM doivent également participer à renforcer la résilience et aider les populations affectées à s’adapter.
Selon le rapport Baissons la chaleur : Face à la nouvelle norme climatique, des changements climatiques dramatiques et des phénomènes météorologiques extrêmes affectent déjà les populations à travers le monde, endommageant les cultures et les côtes et menaçant la sécurité hydrique. Cela étant, bon nombre des pires effets prévisibles du changement climatique pourraient encore être évités en limitant le réchauffement à moins de 2 °C.
« La bonne nouvelle est que nous pouvons prendre des mesures qui ralentissent le changement climatique et favorisent la croissance économique, pour arrêter finalement notre progression sur cette voie dangereuse », déclare Kim. « Les dirigeants et les responsables politiques de la planète doivent adopter des solutions abordables comme la tarification du carbone et prendre des mesures pour réorienter les investissements vers des systèmes de transport public peu polluants, une énergie plus respectueuse de l’environnement et des usines, des bâtiments et des équipements plus sobres en énergie. »
Le rapport Baissons la chaleur : Face à la nouvelle norme climatique examine les effets probables d’un réchauffement de 0,8 °C (niveau actuel), 2 °C et 4 °C – par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle – sur la production agricole, les ressources en eau, les villes, les services écologiques et la vulnérabilité des côtes à travers l’Amérique latine et les Caraïbes, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, mais aussi dans certaines parties d’Europe et d’Asie centrale. Il s’inscrit dans le prolongement d’un rapport publié par la Banque en 2012 qui a conclu à la probabilité d’un réchauffement planétaire de 4 °C d’ici la fin du siècle si nous n’engageons pas immédiatement une action concertée.
Préparé par l’Institut de recherche sur les impacts du climat de Potsdam et Climate Analytics, ce rapport révèle comment la hausse des températures mondiales menace de plus en plus la santé et les moyens d’existence des populations les plus vulnérables, amplifiant grandement les problèmes auxquels chaque région est confrontée actuellement.
Les trois régions sont toutes exposées aux répercussions potentielles des vagues de chaleur extrêmes. Des exercices de modélisation de pointe démontrent que des vagues de chaleur « exceptionnelles » similaires à celles observées en Asie centrale et en Russie en 2010 et aux États-Unis d’Amérique en 2012 augmentent rapidement dans un scénario d’émissions associées à une hausse de température de 4 °C. Ils démontrent également que les risques de diminution des rendements agricoles et de pertes de production dans les régions étudiées sont nettement accentués dans l’hypothèse d’un réchauffement de plus de 1,5 °C à 2 °C. La baisse de la productivité agricole se fera également ressentir en dehors des principales régions de production – avec de graves conséquences sur la sécurité alimentaire – et peut mettre en péril la croissance et le développement économiques, la stabilité sociale et le bien‐être des populations.
Les principaux constats dressés dans les régions sont :
- En Amérique latine et dans les Caraïbes, les vagues de chaleur extrême et les changements de régime de précipitations auront des conséquences néfastes sur la productivité agricole, les régimes hydrologiques et la biodiversité. En l’absence de mesures d’adaptation, un réchauffement de 2 °C pourrait entraîner une baisse des rendements allant jusqu’à 70 % pour le soja et 50 % pour le blé au Brésil, d’ici à 2050. L’acidification des océans, l’élévation du niveau de la mer, les cyclones tropicaux et les variations de température auront une incidence négative sur les moyens de subsistance des populations côtières, le tourisme et la sécurité sanitaire, alimentaire et hydrique, particulièrement dans les Caraïbes. La fonte des glaciers constituerait une catastrophe pour les villes andines.
- Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, une intensification notable des vagues de chaleur, combinée à des températures moyennes plus élevées, mettra à rude épreuve des ressources en eau déjà rares, avec des conséquences majeures pour la consommation humaine et la sécurité alimentaire dans la région. D’ici à 2050, les rendements agricoles risquent de connaître une baisse pouvant atteindre 30 % en Jordanie, en Égypte et en Lybie, dans le cas d’un réchauffement de 1,5 °C à 2 °C. Les migrations et les pressions du climat sur les ressources pourraient accroître le risque de conflit.
- Dans les Balkans occidentaux et en Asie centrale, la diminution des ressources en eau disponibles dans certaines localités devient une menace à mesure que la hausse des températures progresse vers la barre de 4 °C. La fonte des glaciers en Asie centrale et la modification des régimes fluviaux se traduiront par une diminution des ressources en eau durant les mois d’été et des risques élevés de pluies torrentielles. Dans les Balkans, l’augmentation du risque de sécheresse peut entraîner une baisse des rendements agricoles, une dégradation de la santé en milieu urbain et une diminution de la production énergétique. En Macédoine, une hausse des températures de 2 °C pourrait générer des pertes de rendement allant jusqu’à 50 % pour le maïs, le blé, les légumes et le raisin, d’ici à 2050.
Le rendement des cultures de soja pourrait ainsi chuter de 30 à 70% au Brésil tandis celui de blé risquerait d'être amputé de moitié en Amérique centrale ou en Tunisie, avance le rapport qui a été réalisé avec l'apport de l'Institut de recherches sur l'impact climatique de Potsdam (Allemagne). Les conséquences pour le développement seraient graves avec un déclin des récoltes, un recul des ressources aquatiques, une montée des eaux et la vie de millions de personnes mises en danger. De plus, les populations "les plus pauvres" et les plus "exclues socialement" en seront les premières victimes.
Selon le scénario noir d'un réchauffement de +4°C, jusqu'à 80% du Moyen Orient et d'Amérique du Sud pourraient être frappés par des vagues de chaleur d'une ampleur "sans précédent" au risque de provoquer de vastes vagues de migration, ajoute le document.
Le rapport prévient également que si le réchauffement se poursuit sans relâche, il pourrait provoquer des changements irréversibles à grande échelle. Dans le nord de la Russie, le dépérissement des forêts et le dégel des pergélisols menacent d’intensifier le réchauffement planétaire à mesure que le carbone et le méthane que renferme cette région sont libérés dans l’atmosphère, donnant lieu à une boucle de rétroaction qui s’autoalimente.
Dans un monde à + 2 °C, les émissions de méthane pourraient augmenter de 20 à 30 % dans toute la Russie d’ici à 2050. « Le rapport montre clairement que nous ne pouvons continuer sur la trajectoire actuelle d’émissions incontrôlées et à la hausse. Les dirigeants doivent monter au créneau et prendre les décisions qui s’imposent pour gérer nos économies de façon à promouvoir une croissance écologiquement rationnelle et un développement à l’épreuve du climat », déclare Rachel Kyte, vice-présidente du Groupe de la Banque mondiale et envoyée spéciale pour le changement climatique. « De profonds changements doivent s’opérer d’urgence aux plans technologique, économique, institutionnel et comportemental pour inverser les tendances actuelles. Le développement économique et la protection du climat peuvent se compléter, mais il faut pour cela une volonté politique. »
Source : Banque Mondiale
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