LE MYTHE SUMéRIEN : LA PREMIèRE ALLUSION INCUBE PROVIENT DE MéSOPOTAMIE: LILU ET LILITU ! SéDUCTEURS PENDANT LEUR SOMMEIL ?
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Antiquité
Le mythe sumérien
La première allusion à un incube provient de Mésopotamie. L'incube et le succube sont appelés respectivement en akkadien lillal et kiel-lillal, mais aussi lilū (« mâle nocturne ») et lilītu (« femelle nocturne »), en assyrien sémitique22. Ces termes renverraient à des figures mythologiques. La liste royale sumérienne datant de 2400 avant J. C. évoque en effet le père du héros Gilgamesh, Lilū, comme étant un séducteur des femmes pendant leur sommeil23. Un démon femme qui s'en prend aux mâles endormis, Lilītu, existe aussi24. Les deux créatures s'attaquent aux jeunes mariés mais peuvent aussi inspirer des visions nocturnes. Deux autres démons, formant un couple, apparaissent dans le panthéon mésopotamien : Ardat Lili (« ravisseur femelle de la lumière »), qui rend visite aux hommes mariés durant la nuit et s'en fait enfanter, et Irdu Lili (« ravisseur mâle de la lumière »), qui, lui, va vers les femmes mariées. D'abord démons de la tempête, semble-t-il, ils sont devenus peu à peu apparentés à la nuit23, mais aussi au vent, à l'esprit (au sens de mouvement invisible) et, par extension, à l'épilepsie25. Le Pahad Laylâ (« terreur de la nuit ») hébreu, cité dans l'Ancien Testament (Psaumes, 91, 5), possède des traits similaires aux démons incubes et succubes mésopotamiens26.
L'éphialtès grec
Le cauchemar est assimilé à une figure démoniaque dès l'Antiquité9. La figure de l'incube apparaît dans la Grèce antique, sous le terme d'« éphialtès » (Ἐφιάλτης). Thémison de Laodicée parle ainsi d'un démon « étouffeur », conception reprise par de nombreux autres médecins antiques19 mais aussi par les dramaturges comme AristophaneNote 9. Le phénomène survient pendant le sommeil et accable physiquement le dormeur dont le langage est réduit à quelques sons inarticulés. Selon Élisabeth Pradoura, l'éphialtès est un démon qui saute à la gorge du dormeur27.
Selon Gabriele Fois-Kaschel, les médecins Soranos et Paul d’Égine rapportent que « le dormeur a l’impression que le démon assis sur la poitrine essaie de le violer » mais qu'il « se dérobe aussitôt que ce dernier le saisit par les doigts, joint les mains ou serre le poing28. » Gabriele Fois-Kaschel explique également que les médecins de l’Antiquité ont déjà observé de véritables épidémies de cauchemar, comme celle rapportée par un médecin du nom de Télémaque et reprise par Caelius Aurelianus dans ses Maladies chroniques29. Ainsi, dès l'Antiquité, plusieurs médecins et écrivains, comme Soranos d'Éphèse, Pline ou Plutarque, ne croient pas en la matérialité du démon, y voyant plutôt le résultat d'un délire provoqué par une maladie30.
Descriptions de l'incube
Sa forme est variable, parfois éthéré, il peut prendre possession d'un corps humain ou animal, voire celui d'un autre démon ou esprit. Il est ainsi doué de mutabilité20. Cette variabilité de ses représentations, païennes comme chrétiennes, ne permet pas d'affirmer qu'une iconographie lui soit propre21. Selon Claude Lecouteux, la figure de l'incube est indissociable du cauchemar, en particulier dès l'époque médiévale, à partir de laquelle il n'est plus « une forme de songe fort désagréable mais une entité qui se jette sur vous la nuit et provoque une sensation d’étranglement (…) ; une créature maléfique qui afflige les dormeurs et possède a priori trois dimensions, un poids, des sentiments et une volonté9. »
On retrouve également la trace de l'incube dans l'ancien arabe littéraire (période de naissance de l'islam), à travers le terme « al-jâthôm » (الجاثوم) qui sert pour désigner la paralysie du sommeil, le cauchemarNote 5, mais aussi « un esprit mâle qui prend les femmes pendant leur sommeil ».
Un incube (du latin « incubus » signifiant « couché sur » ; pluriel incubi, ouincubo ; pluriel incubones1) est un démon mâle qui est censé prendre corps pour abuser sexuellement d'une femme endormie. Velu, hirsute et souvent représenté comme possédant des pieds de bouc, l'incube peut toutefois s'en prendre également aux hommes. Le démon incube pèse sur la poitrine de sa victime endormie et peut même l'étouffer. Son équivalent féminin est le succube.
La civilisation mésopotamienne le connaît sous le nom de « lilu » mais c'est dans la Grèce antique que l'« éphialtès » est perçu pour être un démon qui s'attaque au dormeur. Les médecins grecs en font un être indissociable du phénomène cauchemardesque.
Au Moyen Âge, l'incube est assimilé au diable, qui passe pour s'unir sexuellement aux sorcières transportées au cours du sabbat. Alors que le Malleus Maleficarum en fait une figure diabolique de l'impureté, des théologiens et démonologues chrétiens, comme saint Augustin, Jean Bodin ou Martín Antonio Delrío, débattent de sa réalité et de son pouvoir sur l'âme. Le terme est ainsi particulièrement en usage dans les écrits ecclésiastiques du Moyen Âge pour signifier l'hérésie du commerce sexuel avec le diable.
Dès le xvie siècle, des praticiens comme Jean Wier et Scipion Dupleix participent à faire passer le phénomène du domaine religieux au domaine médical, puis à la psychiatrie naissante. Louis Dubosquet, en 1815, considère l'incube comme une production fantasmatique produite par l'état d'angoisse constitutif du cauchemar.
La psychanalyse et la psychiatrie moderne classent les apparitions d'incubes comme des délires psychotiques et hallucinatoires similaires à ceux prenant part dans la zoopsie.
La psychiatrie moderne fait de l'incube une représentation imaginale de troubles nocturnes liés à une déviance libidinale.
Les descriptions ethnographiques montrent que l'incube demeure une réalité dans certaines cultures. Il est souvent considéré comme un esprit médiateur entre le chaman et le monde invisible.
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