FRANCE !

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« Notre ennemi, ce n'est pas l'Allemagne, c'est nous-mêmes », pour le PDG d'AXA

LE MONDE |  • Mis à jour le  |

Henri de Castries, PDG d'Axa.

Quelle politique économique pour la France ? Les journées de mardi 26 et mercredi 27 août permettront à l'exécutif de répondre un peu plus clairement à cette question. Après le départ d'Arnaud Montebourg, le nouveau gouvernement que devait nommer Manuel Valls mardi sera rassemblé derrière la politique de l'offre que défend François Hollande depuis janvier.

Le discours du premier ministre pour l'ouverture de l'université d'été du Medef, mercredi, sera quant à lui disséqué par les chefs d'entreprise que le président de la République appelle à s'engager pour l'investissement et l'emploi.

PDG d'Axa depuis 2000, Henri de Castries, appelle à une réforme urgente de l'Etat, qui mette fin à vingt-cinq ans « d'errements » qui ont mis en « échec » le modèle français. Ce condisciple de M. Hollande à l'ENA (promotion Voltaire), avec lequel il entretient des relations amicales, estime que le pacte de responsabilité est nécessaire mais pas suffisant. « Nous sommes prêts àjouer le jeu », insiste-il, rappelant qu'Axa a annoncé, en juin, l'embauche de 20 000 jeunes de moins de trente ans en Europe, dont 9 000 en France.

Comment réagissez-vous à la démission du gouvernement ?

Si vous m'aviez interrogé il y a trois jours, je vous aurais dit qu'une clarification s'imposait au sein du gouvernement en matière de politique économique.

C'est ce qui vient de se passer avec le remaniement ministériel. C'est une bonne chose. Mon point de vue n'est pas celui d'un homme de gauche ou de droite, mais celui d'un chef d'entreprise. Un dirigeant qui a envie que la France réussisse et qui en a marre de voir son pays à l'étranger devenir l'objet de scepticisme ou de dérision.

L'important est de savoir si l'on s'inscrit dans le monde de demain et si, dans ce cas, nous sommes capables en tant que nation de faire des réformes poursauver notre économie et notre démocratie.

L'autre posture serait de rester tournés vers le passé et d'accélérer notre affaiblissement, malheureusement à certains égards déjà commencé, vers la seconde division voire la troisième. Nous sommes à l'heure cruciale du choix.

Dans quel état est la France ?

La situation ne cesse de se dégrader depuis deux ou trois ans. Face à cela, deux attitudes sont possibles. La première c'est de se complaire dans la « Schadenfreude », la « joie du malheur » comme disent les Allemands. La deuxième, c'est de faire face à la situation avec vision, réalisme et courage. Bien sûr que tout cela était prévisible, mais il ne sert à rien de se plaindredevant le lait qui a été répandu. L'urgence est maintenant telle que la priorité doit être donnée à l'action.

Il faut regarder ce que l'on veut et ne pas employer les mots à tort et à travers – comme celui d'austérité. Il faut arrêter d'être complaisant avec nous-mêmes en accusant les autres de nos malheurs et en nous racontant une histoire que nous sommes seuls à croire.

Que voulez-vous dire ?

Prenons les politiques d'austérité, ou plutôt de saine gestion. S'il y en avait eu en France depuis vingt-cinq ans, nous ne serions pas à 57 % de dépenses publiques par rapport au produit intérieur brut (PIB). A ce niveau, on ne peut pas dire que l'Etat manque de moyens. Il manque de décision et de priorité.

Que pensez-vous des critiques contre une Allemagne égoïste ?

Il faut arrêter ce combat contre les moulins à vent. Notre ennemi, ce n'est pas l'Allemagne, c'est nous-mêmes. L'Allemagne est notre principal partenaire économique. Elle a intérêt à notre réussite comme nous avons intérêt à la sienne. En revanche, nous devons avoir une vraie vision européenne.

Quand j'entends dire depuis quelques jours que la croissance outre-Rhin est faible, je rigole. Avec une population qui diminue, elle est en train de faire 1,8 % de croissance sur l'année. Nous avons une population qui augmente, et nous aurons, au mieux, une croissance zéro. Les Français s'appauvrissent, les Allemands s'enrichissent. Mieux, ils augmentent leur pouvoir d'achat sans que le pays ait besoin de s'endetter. Ceux qui les critiquent ont la crédibilité du cancre assis au dernier rang de la classe, près du radiateur, et qui conteste le sujet de la composition.

Il faut raisonner au niveau européen et définir une vision commune. Celle-ci devrait concerner la gouvernance économique et un assouplissement du carcan réglementaire. La crise de 2008 a entraîné de nouvelles contraintes et la création de normes prudentielles et comptables qui limitent les prises de risques, et donc les initiatives. Le moment est venu de se réinterroger sur leur calibrage.

Mais la France est-elle réformable ?

Je ne crois pas que la France soit irréformable. Mais pour réformer, il faut du courage et du réalisme. Il faut que se lèvent des hommes capables de dire vrai.

Quand vous regardez de Gaulle en 1940, beaucoup de gens le prenaient pour un fou. De même, à son retour. En 1958, tout le monde pensait que la France était perdue, engluée dans ses problèmes de décolonisation. Là encore, de Gaulle l'a sortie de l'ornière en jetant aux orties une partie des convictions qui l'avaient fait revenir au pouvoir, en particulier sur l'Algérie. Sa réussite est venue de son revirement face à un principe de réalité.

Si on veut sauver notre économie et notre démocratie, il faut faire ces réformes. Avoir le courage de reconnaître qu'un certain nombre de recettes ne marchent plus.

 SUITE ! 

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